Abraham Mlotek, fixant le photographe (photo de presse, 16 mai 1941). Collection Musée de la Résistance nationale - Champigny-sur-Marne

Abraham MLOTEK
par sa fille Sarah Naudet

Mon père est né le 20 novembre 1902, à Kock en Pologne, entre Varsovie et Lublin, non loin de Treblinka. Il avait quatre frères et sœurs. Ses parents étaient cordonniers. Ils sont venus en France tous ensemble en 1924.

Mon oncle Isaac Bibula, oncle de Madame Sarah Beaufils, était venu en même temps qu’un cousin, Robert Rosemblat qui a été déporté par le convoi 1.

Je suis née en 1924, l’aînée de deux enfants.

Mon père était très gentil et très autoritaire. C’était un homme charmant, bel homme qui nous a très bien éduquées. Il travaillait beaucoup, il était cordonnier. Il avait construit un petit pavillon sur un terrain qu’il avait acheté en 1926-1927 à Savigny (où on est venus se cacher pendant la guerre). Nous avons habité d’abord à Savigny, puis 12 boulevard de la Villette dans le 19e à Paris.

Je me considérais comme française, pas comme juive. Je ne voulais pas me déclarer, mais mon père disait : “Je n’ai jamais rien fait de mal”.

C’est moi qui ai conduit mon père au gymnase Japy quand il a été convoqué le 14 mai 1941. J’ai laissé mon père et je suis partie, je travaillais dans une bijouterie fantaisie. On ne savait pas ce que mon père allait devenir.

Je me souviens que nous sommes allées une fois dans le camp, ma mère, ma sœur et moi, à 2 heures, vers le mois de juin. La visite était autorisée. Je suis entrée dans le camp, on était assis sur un banc. Mes parents parlaient français et yiddish.

Mon père a été déporté le 25 juin 1942 et serait décédé le 13 août 1942.

Mon oncle et ma tante m’ont prise après la rafle du Vel d’Hiv.

À la Libération, toutes les semaines, on allait au Lutétia. J’ai eu la chance de retrouver un cousin. J’ai également retrouvé mon patron qui recevait les familles.

Ma sœur a été déportée à Auschwitz le 15 janvier 1944, elle est revenue le 10 mai 1945. Je l’ai retrouvée au Lutétia. Quand je suis rentrée de mon travail, une amie m’a dit que ma sœur avait téléphoné. Et quand ma mère est rentrée, c’était quelque chose d’indescriptible. À Auschwitz, ma sœur a eu le typhus et elle a subi des expériences contre le typhus. Mengele lui a dit : “Si ça réussit, on vous mettra dans un endroit moins difficile”. Puis elle a fait la marche de la mort à Ravensbrück. Elle a très mal vécu. Elle s’est mariée, a eu une fille.

 

Témoignage recueilli en 2008

 

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ABRAHAM MLOTEK
Interné au camp de Pithiviers à partir du 14 mai 1941
Déporté à Auschwitz le 25 juin 1942 par le convoi 4
Assassiné à Auschwitz le 13 août 1942 à l’âge de 39 ans

SARAH NAUDET
Fille d’Abraham Mlotek
Née en 1924