Extrait du registre des internés du camp de Pithiviers (“Camp de Pithiviers / 1942”). Archives départementales du Loiret – 20 M 782

Benjamin “Yume” MALZ
par Maurice Jakubowicz, neveu de Benjamin et de Choche-Bacia Dancygier, son épouse

Benjamin “Yume » Malz est né en 1910 à Miedwiezyki, petite bourgade de Pologne, proche de la Bielorussie. Il est arrivé en France en 1933.

Il rencontre à Paris vers 1935 la demi-sœur de ma mère, Sozia-Bacia, “Choche” en yiddish, Dancygier, née à Jedlinsk, près de Radom (Pologne) qui a immigré depuis peu. Ils se marient à Paris dans le 20e, en 1936. J’ai découvert que ma mère ayant quelques semaines auparavant accouché de son quatrième enfant, c’est mon père, Abram, (Adolphe) Jakubowicz qui a été témoin de leur mariage.

En 1938 et 1939 naissent Marie, puis Georgette. Ils habitent rue Juliette Savart, tout près du square de la rue Sorbier, dans le 20e arrondissement.

Yume Malz exerce le métier de fourreur, sa femme fait des petits travaux à domicile et élève ses enfants.

La guerre éclate alors que les enfants sont encore des bébés. Ils vont en 1941 ou 1942 déménager pour un logement plus grand situé Boulevard de Ménilmontant.

En mai 1941, Yume reçoit le fameux “billet vert” et comme près de la moitié des Juifs étrangers, il se rend à la convocation. Il est arrêté le 14 mai 1941. Il transite par Pithiviers. Il arrive à Auschwitz le 27 juin, où se trouve déjà depuis quelques jours mon oncle Moszek/Maurice Jakubowicz…

Selon un témoignage recueilli par mon frère Simon, quelques mois après son arrivée, Yume meurt d’épuisement dans les bras de son beau-frère par alliance, Moszek Jakubowicz, lequel survivra par miracle. Selon les recherches de Serge Klarsfeld, Yume Malz a porté sur son bras un numéro de matricule compris entre 41773 et 42772.

Quant à sa femme (ma tante “Choche”) et ses deux fillettes, voici le témoignage de ma sœur Monique, âgée de 8 ans au moment des faits.

Pendant la guerre, c’est moi que maman envoyait Boulevard de Ménilmontant porter du lait chez ma tante Choche pour ses deux petites filles. C’était en été, j’avais le pot de lait métallique à la main… Ce jour-là, en juillet 1942 je pense, quand je suis passée devant la concierge pour monter l’escalier, elle m’a barré la route en me disant :
“N’y allez pas, Mademoiselle, votre tante a été arrêtée hier avec ses deux enfants !.” Toute tremblante, je suis rentrée chez nous, au 17 impasse Saumon, avec le lait, annoncer la nouvelle à Maman.

Dans le livre sur les camps d’internement du Loiret 1941-1943, collection “Histoire et mémoire”, édité par le Cercil, le nom de la petite Georgette Maltz, trois ans, apparaît sur un registre pour un séjour de quelques jours à l’hôpital de Beaune-la-Rolande. Elle en sort le 5 août. Avec sa sœur Marie, quatre ans, et sa maman, elles partent dès le 21 août par le convoi  22. Quelques semaines avant la mort de leur père et mari “Yume”, elles ont été gazées le 22 août 1942 à leur arrivée à Birkenau. Yume Malz est mort vers octobre 1942.

Une simple plaque à l’école de la rue Sorbier rappelle le nom et l’âge de Marie et Georgette.

 

Témoignage recueilli en 2009

 

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BENJAMIN « YUME » MALZ
Interné au camp de Pithiviers à partir du 14 mai 1941
Déporté à Auschwitz le 25 juin 1942 par le convoi 4
Assassiné à Auschwitz

MAURICE JAKUBOWICZ
Neveu de Benjamin « Yume » Malz
le 9 mai 1941 à Paris 20e