Zygmunt JUNGCHAUZ
par sa nièce Paulette Goldfinger

Mon oncle maternel naquit à Varsovie le 11 janvier 1904 et mourut à Auschwitz le 25 juillet 1942, assassiné à 38 ans. Il avait pour prénom usuel Szmul. Il grandit dans une famille juive traditionnelle. À la maison, on parlait le yiddish et le polonais et on s’intéressait au monde environnant et à la modernité.

Il faisait la fierté de ses quatre sœurs et de son frère aîné, car il était beau garçon, adroit de ses mains et il avait fait des études de mécanique.

Son père, Chaïm, était tailleur et élevait seul ses six enfants, suite au décès accidentel de sa femme, Brandla. Chaïm était connu et apprécié pour son hospitalité, rue Nowolopie, au cœur du quartier juif de Varsovie.

Il ne connut pas la vie dans le ghetto car il mourut avant la guerre. Il était veuf et ses enfants veillaient à ce qu’il ne se remarie pas. On ne parlait pas politique devant Chaïm, mais on était ouvert aux problèmes du monde. Zygmunt et trois de ses sœurs voulaient quitter la Pologne dans les années 20 et s’enquéraient activement des possibilités existantes. N’obtenant pas de visa pour l’Amérique, malgré l’appui d’un oncle paternel arrivé à New York en 1906, Zygmunt partit pour la France avec sa sœur Rachel et il s’établit à Paris. Il travailla dans l’industrie automobile chez Citroën en qualité de tourneur mécanicien, ce qui lui valut d’incarner la fierté familiale chez tous les Jungchauz.

Il rencontra Sarah et ils se marièrent en 1929. Sa femme était née à Tarnow en Pologne en 1911. En 1930, il leur naquit une adorable petite fille, Brandla-Berthe que tous appelèrent Blanchette. Ils habitaient 7 rue Pache à Paris dans le 11^e arrondissement. Blanchette s’épanouissait dans les écoles laïques de son quartier.

Puis, la guerre éclata et avec elle, déferlèrent les marées de persécutions anti-juives. Le “billet vert” envoyé par la préfecture de police parisienne provoqua l’internement de Zygmunt et c’est avec le convoi 5 qu’il partit de Beaune-la-Rolande, le 27 juin 1942. Blanchette et Sarah furent happées dans la rafle de juillet 1942, internées à Drancy, déportées avec le convoi 25 du 28 août et assassinées à Auschwitz le 2 septembre 1942. Sarah avait 31 ans et Blanchette avait 12 ans et était de nationalité française.

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