Henoch Adamsbaum et son épouse Lisa. Archives familiales

Henoch ADAMSBAUM
par sa nièce Gisèle Zylberberg

Henoch Adamsbaum, né à Varsovie le 29 juin 1898, est l’aîné d’une fratrie de quatre enfants, Hersch (notre père), né en 1901, Bela, née en 1905 et Moritz, né en 1915, disparu dans le ghetto de Varsovie avec sa femme Sabina (née Nudlowna) et leur petite fille Nina, née en 1939. 

Henoch épouse Lisa Rubin, née à Lodz en 1904. Le couple quitte Varsovie pour s’établir à Cologne où naîtront leurs deux fils, nos cousins, Aribert, dit Albert, le 23 juillet 1929 et Siegfried, dit Jacki, le 29 octobre 1930. Il y reste jusqu’en 1933, puis fuit l’Allemagne pour s’installer en France, à Nîmes. Henoch est marchand de fourrures ambulant. Vers les années 1938-1939, pour des raisons certainement économiques, le couple et leurs deux enfants élisent domicile dans le nord de la France à Lens, jusqu’en mai-juin 1940. Hersch (notre père) tient dans cette ville un commerce prospère de fourrures. 

Henoch et sa famille se réfugient alors dans le département d’Eure-et-Loir, à La Saucelle, canton de Senonches où la mairie délivre un récépissé de carte de travail. Enfin, ils se fixent à Brezolles. Des mesures étant prises contre les Juifs, Henoch se fait recenser à la sous-préfecture de Dreux avec toute sa famille, comme commerçant domicilié à Brezolles, rue au Lait, réfugié de Lens. Henoch déclare qu’il est marchand ambulant de fourrures et les enfants sont scolarisés à Brezolles.

“Les gens de Brezolles se souviennent qu’il avait une réserve importante de fourrures dans son véhicule. Le dimanche matin, il en vendait dans le magasin “Au Gagne-Petit” tenu par la famille Bonnifet, rue aux Juifs à Brezolles. Jacqueline Bonnifet se souvient de l’accent rocailleux d’Henoch et de la façon dont il prononçait le mot renard, il disait “rrrénarde. Son commerce marche bien d’ailleurs, plusieurs dames de Brezolles avaient encore, il y a peu, une de ses fourrures” (Colette François-Dive - Bulletin de la Société archéologique d’Eure-et-Loir , 1er trimestre 2002).

À la suite de l’ordonnance allemande datée du 26 avril 1941 qui interdit aux personnes juives d’exercer une activité économique, Henoch travaille dans des fermes alentour et aussi, probablement, comme mécanicien au garage Seugé à Brezolles. La famille s’installe alors dans une petite maison rue de Verneuil. Les enfants, Albert et Jacki, fréquentent l’école publique de garçons. Madame Rondier, institutrice à l’époque, a écrit à Colette François-Dive en 1998 : “Nous étions assez liés avec les Adamsbaum. Les garçons étaient dans la classe de Monsieur Rondier, c’étaient des élèves d’une rare intelligence”.

Le 29 mai 1942, une nouvelle ordonnance allemande prescrit “qu’il est interdit aux Juifs, dès l’âge de 6 ans révolus, de paraître en public sans porter l’étoile jaune”. La famille Adamsbaum se plie à cette nouvelle mesure.

Le 25 juin 1942, les Allemands décident de l’arrestation immédiate et du transfert en camp de concentration de tous les Juifs d’Eure-et-Loir âgés de 16 à 54 ans pour les hommes et de 16 à 42 ans pour les femmes.

Ce 25 juin 1942, les Allemands viennent chercher Henoch à son domicile et l’emmènent à la prison de Chartres. Lisa, malade, échappe à cette arrestation. Le 27 juin, Henoch est transféré au camp de Beaune-la-Rolande et le 28 juin 1942, le convoi 5 l’emporte vers Auschwitz.

Lisa et ses fils demeurent toujours à Brezolles et les garçons sont tous deux admis en cinquième au collège de Verneuil en octobre 1942. Ils sont d’excellents élèves et ne pourront malheureusement pas terminer l’année scolaire 1943-1944. En effet, le 23 février 1944, alors que les enfants sont en vacances scolaires, les Allemands se présentent dans la matinée à leur domicile et arrêtent Lisa et ses deux enfants, Albert et Jacki. Le 7 mars 1944, le convoi 69 emmène Lisa, Albert et Jacki à Auschwitz.

Henoch, Lisa, Albert et Jacki ne reviendront jamais.

Mon frère et moi garderons toujours le souvenir des larmes de notre père regardant les photos de sa famille disparue, les carnets de notes et les dessins de nos deux cousins.

 

Témoignage recueilli en 2009

 

Revenir en haut

HENOCH ADAMSBAUM
Interné au camp de Beaune-la-Rolande le 27 juin 1942
Déporté à Auschwitz le 28 juin 1942 par le convoi 5
Assassiné à Auschwitz le 8 juillet 1942 à l’âge de 44 ans

Gisèle ZYLBERBERG
Nièce de Henoch Adamsbaum