Isaac-David ZELAZNEG
par son fils Serge Zelazneg
Mon père et ma mère se sont connus à Siedlece, petite ville de Pologne où ils sont nés. Ils étaient amis depuis l’enfance. La vie de mon père y fut difficile, sa famille était très pauvre. Il était orphelin et sa mère vivait de ménages.
En 1930, la famille maternelle, les Srebnik, part rejoindre le père, venu en 1929 à Paris avec l’un de ses fils et une fille. Toute la famille habite rue des Panoyaux à Paris 20e.
Mon père rejoint ma mère en France en 1937. Ils se marient l’année même, et ma sœur Paulette naît en 1938 (j’ai des photos). Après leur mariage, mes parents habitent au 117 rue du Faubourg-du-Temple, Paris 10e.
Pendant la guerre, comme beaucoup de Juifs, mon père se fait recenser auprès des autorités. En mai 1941, il reçoit une convocation, le “billet vert”. Malgré les conseils de son beau-père de ne pas s’y rendre, il s’est présenté au commissariat où il a été arrêté, transféré au Gymnase Japy, puis expédié dans le Loiret, près d’Orléans où il a été détenu dans le camp de Beaune-la-Rolande.
Ses conditions de détention étaient correctes, les visites de la famille étaient permises. Ma mère et ma toute jeune sœur Paulette s’y sont rendues. Il a même eu une permission de sortie, une fois, pour aller rendre visite à sa femme. Il est retourné de lui-même en captivité, de peur de représailles contre la famille.
Puis, en juillet 1942, il a fait partie des premiers convois vers Auschwitz, convoi 6. Il fallait faire de la place pour les nouveaux détenus issus de la Grande Rafle.
À Auschwitz-Birkenau, mon père a fait quelques métiers, mais a essentiellement travaillé dans les mines de charbon.
Il a eu la chance de faire partie des rares survivants de l’enfer des camps, de la Grande Marche de l’hiver 1944-45 et a donc été libéré par les troupes russes en 1945.
Quelques mots sur ma mère. Elle a échappé à la Grande Rafle de 1942 en refusant d’ouvrir aux policiers français venus pour l’arrêter (elle a bâillonné ma sœur pour que les policiers qui frappaient à la porte n’entendent pas un bébé pleurer). Puis ma mère est restée cachée chez sa sœur aînée Hélène, seule française, dont le mari, était prisonnier en Allemagne.
En voulant passer en zone libre en 1942, elle s’est fait arrêter sur la ligne de démarcation. Internée au camp de Gurs, elle n’y est pas restée car elle avait un enfant français. Elle a donc été mise en résidence forcée jusqu’à la Libération dans une ferme de la Creuse, à Dun-Le-Palleteau, où elle a travaillé dans des conditions terribles.
Comme beaucoup de déportés, mon père ne parlait pas de cette période avec ses enfants, mais uniquement avec d’autres déportés.
Mon père était né le 15 juillet 1915, il est décédé le 1er janvier 1995.
Une photo de mon père travaillant au camp, sciant du bois avec un autre détenu, est projetée en continu au rez-de-chaussée du Mémorial de la Shoah.
Sur la fiche du camp de Beaune-la-Rolande, il est indiqué que son matricule à Auschwitz était 49615, qu’il a été libéré à Theresienstadt par les Russes le 8/5/45 et rapatrié à Paris le 24/5/45.
Birkenau, Jawishowitz, Buchenwald, Theresienstadt
Témoignage recueilli en 2010
ISAAC-DAVID ZELAZNEG
Interné au camp de Beaune-la-Rolande à partir du 14 mai 1941
Déporté à Auschwitz le 17 juillet 1942 par le convoi 6
Décédé le 1er janvier 1995 à l’âge de 79 ans
SERGE ZELAZNEG
Fils d’Isaac-David Zelazneg