Szloma GORFINKEL
par ses enfants Daniel Gorfinkel et Fanny Chepal

Notre père Szloma Joseph Gorfinkel (Garfinkiel) est né le 8 janvier 1904 à Siedlece (Pologne). Sa famille a ensuite habité à Praga, Varsovie, 9 rue Schmoule Vizna (Radzyniniska en polonais). Il était le fils d’Abraham Szimon et de Marjem Markusfeld et s’est marié avec notre mère Gitla Rosenfeld, née le 5 août 1907 à Varsovie.

Notre père est venu en éclaireur en France en 1928, laissant notre mère en Pologne. En chemin, il est passé par la Belgique où il a travaillé un certain temps dans une mine. Notre mère l’a rejoint à Paris en 1930. Ils habitaient rue Popincourt où est née Fanny en 1932 et où mon père exerçait son métier de maroquinier qu’il avait appris en Pologne.

En 1935, la famille fut chassée de France et repartit en Pologne. Après six mois, mon père est repassé en France. Maman et Fanny sont revenues à Paris après un an et demi. Ils habitèrent au 117 rue du Faubourg du Temple, escalier E au 4^e étage. L’immeuble fut reconstruit et abrite actuellement le siège social de l’OSE. J’y suis né le 13 octobre 1937.

Papa avait sa fabrique de maroquinerie à l’escalier F au deuxième étage. Le nom de sa société était “Le sac parisien”. Il avait un comptable et deux ouvriers et son affaire marchait très bien. Il avait un associé qui s’appelait Mr J. Kniber qui partit avant la guerre aux Etats-Unis à Brooklyn (New York).

Après la déclaration de la guerre, le 7 octobre 1939, mon père passa une visite médicale pour s’engager à la Légion étrangère, mais selon la formule officielle, il fut “reconnu inapte au service spécial de la Légion étrangère et renvoyé dans ses foyers”. (Nous avons le document).

Papa avait une carte de séjour de nationalité indéterminée qui était périmée et il voulut régulariser sa situation en France. Ma mère s’opposait à son projet et il y avait entre eux de très grandes disputes à ce sujet. Elle lui disait qu’il avait de l’argent et qu’il devait faire sa valise et passer dans la zone libre. Mes parents avaient un ami juif qui, pour une forte somme, lui fournit une lettre de recommandation avec laquelle il se présenta à la Préfecture de Police le 22 juillet 1941.

Il fut immédiatement arrêté et envoyé au camp de Pithiviers. Un monsieur est venu à la maison annoncer que son fils et papa avaient été gardés à la Préfecture. Maman a pleuré, crié et s’est arraché les cheveux. Fanny se rappelle que nous avons été le voir au moins une fois au camp de Pithiviers.

Le 24 juin 1942, il est déporté par le convoi 4.

D’après les archives d’Auschwitz, il serait mort le 20 juillet 1942.

Témoignage recueilli en 2010

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