Israël FISZMAN
par son fils Charles Fiszman

Mon père, Israël, né le 30 mars 1906 à Czestochova est venu en France en 1930 avec ma mère. Ils habitaient dans la même ville. Il avait deux frères et une sœur à Paris.

Mes parents se sont mariés à Paris et habitaient rue des Archives. Mon père a appris son métier de tailleur en Pologne, je ne sais rien de plus et j’ai toujours regretté de ne pas avoir questionné ma mère.

Il a répondu à la convocation du “billet vert” au commissariat le 14 mai 1941 et a été interné à Pithiviers. Il a eu une permission pour aller voir un médecin à Paris et il est bêtement retourné au camp. Ma mère est allée le voir. Il était dans la baraque 7. Ma mère a reçu des lettres et deux portraits de mon père ainsi qu’un porte-plume.

Pendant l’internement de mon père jusqu’à la rafle du Vel d’Hiv, ma mère faisait de la couture. Elle a travaillé comme bonne après m’avoir fait passer en zone libre avec l’aide d’un membre de la résistance, sous couvert de la Légion qui nous a fait traverser la zone libre, nous a emmenés avec un autre garçon, mon frère de guerre, dans une maison de l’OSE, Les Lutins, en Savoie, puis à la Chaumière en Haute-Savoie, cachés sous les noms de Charles et Maurice Hernicot. Ensuite au Lastic à Rosans dans les Hautes Alpes, puis dans une ferme à Saint-André-de-Rosans.

Pendant ce temps, ma mère était à Paris, cachée dans une famille non juive, mais tout cela est très vague. Elle travaillait comme bonne. Je ne sais pas comment elle a pu me retrouver. On a mis deux ou trois jours pour rentrer à Paris.

À la Libération, elle allait au Lutétia pour attendre mon père. Un des cousins de mon père, Jaskiel, est revenu, il était dans le même convoi que lui. Il nous a raconté qu’un matin, avant d’aller au travail, ils ont caché mon père dans un coin et le soir, il n’était plus là. Il est mort le 15 août 1942.

Ma mère s’est remariée avec un ancien ami qui avait perdu sa femme et son fils. Comme elle avait de la famille au Canada, nous sommes partis à Toronto en 1952. Ma mère est morte en 1985.

J’avais 9 ans quand mon père est parti et je me souviens que c’était un homme joyeux.

Témoignage recueilli en 2011

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